Hela Ben Hassine Khalladi, maître de conférences en économie : « Le financement du budget par la BCT… pourrait ne pas entraîner de l’inflation »
« La trajectoire de la dette publique atteint aujourd’hui un pic, et par la suite, elle commence à baisser.
Donc par définition, la dette est soutenable pour le moment. On va vers la soutenabilité. Même chose pour le déficit primaire, qui fait partie d’un cercle vicieux où le déficit budgétaire impacte la soutenabilité de la dette publique, mais où aussi le taux de croissance et le taux d’inflation ont un impact. Concernant le financement du budget par la Banque centrale, si c’est une mesure exceptionnelle, elle pourrait ne pas entraîner de l’inflation. Mais si elle devient récurrente la question va se poser. Même dans la littérature, malgré les craintes par rapport à l’inflation, il n’y a pas réellement un consensus autour d’une corrélation entre l’indépendance de la Banque centrale et l’inflation.
Tout dépend de ce qu’on va faire avec cet argent-là. Il y a même aujourd’hui une nouvelle théorie, la « Modern Monetary Theory », qui dit que si le gouvernement utilise cet argent-là pour des projets d’éducation ou dans l’économie verte, des projets qui rapportent de la croissance et tant que la production va rester supérieure à la demande, il n’y aura pas de création monétaire. Mais il faut que le pays soit souverain en matière d’impression de sa monnaie, ce qui n’est pas le cas pour nous ».
Anis Wahabi, expert-comptable : « C’est une loi de finances sociale »
«La LF 2025 est une loi de finances qui a été élaborée sous contraintes budgétaire et financière très importantes. Toutes les mesures fiscales visent plutôt à augmenter les recettes de l’Etat. Il y a donc moins de cadeaux et d’avantages fiscaux et l’amélioration du climat des affaires a été reléguée au second plan d’une manière générale. C’est compréhensible, étant donné la situation économique du pays. Le deuxième point important, c’est qu’il s’agit d’une loi de finances sociale. Il y a une volonté claire d’aller dans ce sens avec beaucoup de mesures qui concernent les tranches sociales les plus démunies, telles que les lignes de financement, le fonds de financement pour les ouvrières agricoles. En tout cas, cela donne la couleur de cette loi de finances. Du point de vue marge de manœuvre pour le gouvernement, d’une manière générale, c’est bien un budget sous contrainte. Il n’y a pas d’évolution par rapport à l’investissement ou de travail de fond sur l’amélioration du climat des affaires ou sur les nouvelles orientations telles que l’économie verte, bleue et circulaire ».